Urgence à Toulouse : 12 chats pris en charge dans un logement insalubre
Courant avril, nous recevons un appel à l’aide de Marie, bénévole de l’association « Le chat libre » à Toulouse : près de la ville Rose, un senior probablement atteint du syndrome de Diogène vit avec ses 15 chats dans un logement insalubre. Leur état de santé est préoccupant, une prise en charge rapide s’impose.
Détresse humaine et animale
L’été dernier, Marie est alertée par de fortes odeurs émanant d’un immeuble d’une rue principale de SEYSSES (31). Auparavant, elle y avait déjà aperçu des chats d’apparence douteuse. Elle décide alors d’interpeller la Mairie, qui constatera peu après l’insalubrité d’un logement dans lequel « vivent » un octogénaire et ses 15 petits compagnons. Ce monsieur n’a pas le profil d’un tortionnaire : il a recueilli ces chats errants avec bienveillance, avant de sombrer dans l’isolement social et l’incurie. Les services sociaux en sont informés, mais le temps défile et la situation n’évolue pas. Marie se démène pour faire avancer les choses : elle va à la rencontre du propriétaire des chats et lui conseille de les céder, dans leur intérêt comme du sien. L’homme finit par accepter. Problème, les structures locales de protection animale sont débordées, et, de surcroît, il ne s’agit pas de matous sociables en bonne santé, bien au contraire…
La Fondation Assistance aux Animaux tend la patte
C’est dans ce contexte que l’association Toulousaine lance une bouteille à la mer à l’échelle nationale, à laquelle seule la FAA répondra. Au vu de l’urgence, une intervention est programmée sous huitaine. Entre-temps, la dévouée Marie est parvenue à prendre en charge et confier 3 chats à un vétérinaire, puis à une famille d’accueil : une fois l’homme relogé et assisté par des auxiliaires de vie, il pourra retrouver les seuls êtres qui lui sont chers. Au petit matin, notre binôme composé d’Enola & Régis rejoint Marie venue leur porter main forte. Et elle ne sera pas de trop… Une cession est signée par le propriétaire, qui se retire des lieux par crainte de faire un malaise durant la capture de ses petits protégés.
Action
Lorsque la porte d’entrée s’entrouvre, c’est toute la détresse accumulée entre 4 murs depuis des années qui explose au visage de nos intervenants. L’odeur pestilentielle qui y règne étourdit notre équipe, et plusieurs minutes lui sont nécessaires pour se recentrer sur la mission. Les volets sont clos et un poêle à pétrole tourne à plein régime, rendant l’atmosphère suffocante. Une épaisse pellicule d’urine et d’excréments tapisse le sol de cet appartement ravagé par les infiltrations et les moisissures. Il est à peine croyable que l’endroit soit habité, le lit s’avérant être une couchette rongée et imbibée d’urine et de déjections, installée à même le sol. Choquée par ces conditions de vie absolument déplorables, l’équipe débute la traque des 12 petits occupants, experts dans l’art du camouflage et de l’évasion, et qui, effrayés par toute cette agitation, retrouvent de leur sauvage félinité : Marie est sévèrement attaquée et blessée à la main malgré ses gants de protection, mais poursuivra tout de même l’effort jusqu’au terme de l’opération. Après 2h de cache-cache acharné et quelques frayeurs, tous les chats sont officiellement pris en charge. Malgré toutes les précautions prises, certains polissons parviendront à s’échapper de leurs caisses de transport, faisant montre de leurs extraordinaires capacités physiques et prolongeant encore un peu plus cette rude épreuve…
Dans un piteux état, les 12 rescapés sont transférés en soirée au refuge de Morainvilliers (Yvelines), et reçoivent dès le lendemain les soins dont ils ont grandement besoin.
« C’était ma première saisie et sauvetage et c’était riche en émotion. J’étais soulagée de sortir ces chats de la misère dans laquelle ils vivaient. On n’imagine pas que ce genre d’endroit puisse exister… c’est habituellement réservé aux fictions de la télé ! Au-delà de la peine ressentie pour ces petits chats, j’ai été submergée par la détresse humaine de ce vieil homme vivant seul dans des conditions innommables depuis des années. On sait que retirer ces chats était leur meilleure survie mais on laisse aussi surtout derrière nous, un homme délaissé du seul lien relationnel et d’amour qu’il avait avec eux. On espère un accompagnement de sortie de cette situation précaire. Aujourd’hui, les 12 chats ont reçu les soins vétérinaires nécessaires et parfois vitaux. Ils attendent leurs familles pour la vie qui sauront leur offrir avec patience une vie douce et pleine d’amour.« témoigne Enola, animalière du refuge de Morainvilliers.
Animaux humains et non-humains
Si notre périmètre d’action couvre la défense et la protection animale, nous constatons au travers de cette intervention que détresse humaine et animale sont pratiquement toujours intimement liées. L’indifférence générale caractérisée à l’égard de cette personne âgée restera l’ombre au tableau de cette épopée toulousaine.
Texte rédigé par Régis, enquêteur de la Fondation Assistance aux Animaux.