L’appel à l’aide de Orphée, à l’adoption dans notre refuge de Morainvilliers.

Si vous préférez, des comme moi, y’en a pas deux.

Je suis aussi unique que le Cerbère des enfers, en beaucoup plus sympa quand même. Et je vous précise tout de suite que toutes ressemblances avec le Dobby de Harry Potter seraient fortuites.

Bref je m’égare. Si je vous écris aujourd’hui, c’est parce que face à mon impatience à trouver une famille, on m’a expliqué il y a quelque temps que j’étais « spéciale » et que c’est pour cela que personne ne voulait m’adopter.

Je dois avouer que je n’ai pas compris.

Pour moi, être « spéciale », c’est quelque chose d’extraordinaire et je croyais que ma différence serait mon plus gros atout pour me faire remarquer parmi mes compagnons d’infortune. Mais après 6 mois passés au refuge, je commence à croire ceux qui me disaient que la différence effraie.

Est ce que c’est parce que je ne suis pas comme les autres que personne ne veut de moi ? Est ce que c’est à cause de ma différence que mes précédents propriétaires se sont montrés cruels avec moi ? C’est pour ça qu’ils m’ont abandonné dans une voiture ?

C’est vrai que de ma vie d’avant, je ne garde que des mauvais souvenirs, mais je n’ai jamais été ni méchante, ni agressive et je ne comprends pas ce que j’ai pu faire pour mériter un tel traitement. J’ai toujours donné ce qui me semblait être le meilleur de moi-même. D’ailleurs, quand la Police m’a délivrée, ils ont bien vu que j’étais une chouette fifille. J’ai toujours été moi, un peu fofolle, un peu excentrique, un peu déconnectée.

C’est vrai que je fais de drôles de grommellements quand je suis contente, et que mon aboiement relève plus du glapissement bizarre. Oui, mes congénères et moi on a des difficultés à se comprendre, parce que je n’ai pas les codes canins. C’est vrai que je n’ai pas le comportement d’un chien  » normal », mais au final, cela ne fait -il pas de moi quelqu’un d’exceptionnel?

Moi tout ce que je sais, c’est que si vous restez 2 minutes avec moi, vous décèlerez toute ma joie de vous avoir à mes cotés, mon envie de jouer, mon immense sensibilité, mais surtout, ma crainte de ne pas vous plaire et mon angoisse de vous voir partir sans moi.

Retournez-vous quand vous partez et jetez-moi un dernier regard. Vous y verrez la terrible déception d’un gentil chien un peu bizarre qui ne demande qu’à être aimé.

Alors aujourd’hui, je vous écris pour vous demander une faveur. S’il vous plait, ne vous arrêtez pas à ma différence, mais acceptez qu’elle me rende unique. Vous et moi, on aura nos propres codes, notre propre langage, notre propre relation aussi forte que l’amour réciproque qui nous unira. Ne me disputez pas si je bougonne, c’est ainsi que je m’exprime. Oubliez ce que vous pensez connaitre des chiens. Je ne suis pas un chien « normal » mais ça ne fait pas de moi un mauvais chien. Ça fait de moi un chien exceptionnel.