SAUVETAGE
Les chiens de chasse de l’Orne
Craintifs mais sans une once d’agressivité. A l’attache dans un terrain vague de Cerisy-Belle-Etoile (Orne) entre deux saisons de chasse, les chiens résignés d’un agriculteur retraité de la région vivaient à la dure, sous des abris sommaires et alimentés de manière aléatoire. Un voisin les a pris en pitié et la Fondation Assistance aux Animaux a mis fin à leur calvaire en les recueillant dans son refuge de Villevaudé (Seine et Marne).
« Cet homme- là, c’est un chasseur, explique Jean Tellier, l’inspecteur de la Fondation qui suit l’affaire depuis le signalement en juillet 2013. Il dresse ses chiens, s’en sert quand il en a besoin et le reste du temps, ne s’en occupe pratiquement pas. Il vit à une vingtaine de kilomètres du terrain où il les parque, les nourrit tous les trois- quatre jours de viande avariée ou de déchets de triperie de provenance indéterminée, les tient enchaînés à de vieux frigos… De nos jours, ça s’appelle mauvais traitements à animal domestique, un comportement pareil ! »
Et c’est en effet un des motifs retenus le 17 mars dernier par le tribunal contre l’agriculteur-chasseur de 73 ans, qui s’est vu également reprocher l’absence d’identification, par tatouage ou puce sur certains chiens dont il est propriétaire. Sans doute pas au courant qu’un animal est un être sensible qui ne saurait être négligé, brutalisé ou maltraité, l’homme n’a pas manifesté le moindre regret…
Des voisins apitoyés
Au début de cette sordide histoire, le signalement d’un locataire du sieur chasseur. Il a loué à des jeunes gens en recherche de logement une petite maison en pleine campagne, en bordure du terrain où il parque ses chiens. Les nouveaux locataires s’aperçoivent très vite que la maison est insalubre, mais avant de l’abandonner, ils appellent l’enquêteur de la Fondation Assistance aux Animaux pour lui faire part du calvaire de leurs voisins chiens. L’enquête démarre.
« Je me suis rendu sur les lieux et en effet, c’était une horreur, se souvient M. Tellier qui, depuis 46 ans, parcourt les départements de Normandie pour concourir à rendre leurs droits aux animaux maltraités de la région. Derrière un hangar, il y avait une quinzaine de chiens : on n’arrivait pas à les compter précisément parce qu’ils étaient enchaînés, parfois cachés dans les frigos retournés ou les niches branlantes qui leur servaient d’abri été comme hiver. Aucune présence humaine. De l’eau croupie, verdâtre, dans des bacs en plastique. Et de la nourriture avariée : des paquets de saucisses pourries encore dans leur emballage plastifié, des têtes de cochons entières… »
Et dans ce campement sommaire, les chiens… Maigres, sales, le poil collé. Ils se grattent, lèchent des plaies jamais soignées, cherchent en tournant en rond une position acceptable pour se reposer. Pas d’exercice physique pour eux en dehors des chasses où ils courent après un cerf ou plus souvent, un sanglier qui pour tenter de sauver sa peau, n’hésite pas à trouer la leur d’un redoutable coup de ses défenses puissantes. Ces chiens- là n’ont jamais connu la chaleureuse proximité de l’homme, l’amitié et la complicité qui unissent un maître à son animal, le confort d’avoir un propriétaire attentif à leurs besoins. Ils font ce qu’on attend d’eux, avant de reprendre leur place dans la fange, sans se rebeller, sans crier ni mordre, sans gémir même, tant l’espoir leur est étranger.
Visites, constats, la justice est longue à passer et ce n’est que le 17 mars dernier que le propriétaire indigne est condamné pour mauvais traitements et défaut d’identification à la peine légère de 1800 € à verser à la Fondation Assistance aux Animaux qui s’est portée partie civile et à 14 contraventions pour un total de 350 €. Mais ce qui importe, c’est que le juge lui confisque ses chiens pour les confier à la Fondation. Fin du cauchemar pour les victimes ? Pas toutes pourtant car le
Des problèmes de peau
« Trois d’entre eux se sont fait écraser », explique l’ancien propriétaire qui n’a toutefois pas de constat d’assurance à produire pour étayer ses dires. On se demande comment des chiens a priori enchaînés ont réussi à s’enfuir et à rejoindre une route depuis leur terrain vague éloigné de toute civilisation. Le bruit qui court dans la région, c’est plutôt qu’il a déplacé les limiers auxquels il tient le plus, les mettant à l’abri chez une connaissance ou un membre de sa famille… La rumeur prétend que son « élevage
Toujours est- il qu’il faut déménager les neuf chiens trouvés sur place : cinq adultes, des corniauds de relativement grande taille, et quatre chiots de quatre mois environ, non attachés, qui vont d’un chien à l’autre. « Nous sommes allés les chercher avec des colliers car le camion n’a pu stationner tout près, ajoute Jean Tellier. Ils avaient peur, mais ils étaient gentils. Alors, une caresse, des gestes mesurés, de bonnes paroles et une petite friandise, en 45 minutes, tout le monde a été embarqué facilement, direction Villevaudé. »
Tiques, puces, problèmes de peau divers et variés. Sous-alimentation, parasitisme. Et puis une crainte de l’homme alliée à une absence totale d’agressivité. Si les chiots Mandoline, Clarinette, Trompette et Tambour récupèrent rapidement et sont aujourd’hui en quête d’une famille et d’un jardin, Cartouche le vieux mâle a du mal à réprimer ses tremblements quand on s’approche de lui pour le caresser et lui apprendre à marcher en laisse. A 9 ans, une des chiennes a dû mettre bas une quinzaine de fois, de l’avis du vétérinaire qui a examiné ses mamelles distendues et infectées… Les chiens adultes ont les dents limées d’avoir été nourris de carcasses immondes toute leur vie. Ils apprennent les caresses et les hommes normaux au refuge de la Fondation à Villevaudé. Fanfare et Clafoutis, fraîchement toilettés pour la première fois de leur vie, cherchent un foyer. Pour eux le cauchemar est fini…
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