SAUVETAGE
149 cockers saisis à Limoges
De la vie, ils ne connaissaient que la faim, le froid, la peur, la douleur : depuis le 17 décembre dernier, 149 Cockers, arrachés à un élevage sauvage de la région de Limoges, ont découvert le confort, l’affection et la satiété dans les 6 refuges de la Fondation Assistance aux Animaux, où tout est mis en œuvre pour qu’une seconde chance leur soit offerte.
De pitoyables victimes, à la merci d’une femme qui vivait son rêve sans un regard pour ceux auxquels elle n’apportait que le malheur. A 57 ans, Liliane X avait une passion maladive pour les Cockers. Elle voulait en posséder de tous les types existants : anglais, noirs ou dorés, américains à longues franges, dans toutes les couleurs, voire dans toutes les nuances. C’est ainsi qu’au fil d’années de reproduction jamais maîtrisée, elle s’est retrouvée à la tête d’un cheptel de 149 chiens, dont elle était bien incapable de s’occuper, mais dont elle n’a jamais voulus se séparer. Ses Cockers étaient sans doute des bibelots vivants qu’elle collectionnait sans les entretenir. Au lieu-dit Le Genévrier, près de Peyrat-le-Château, c’est un mouroir que dirigeait Liliane X.
10 heures d’intervention
Animaliers, soigneurs et bénévoles, ils sont venus de tous les refuges de la Fondation, en camion, pour prendre en charge les Cockers. Et d’expérience, ils s’attendaient au pire. Pourtant, quand ils ont pénétré dans la propriété, le cœur leur a manqué. Dans une carcasse de voiture, 14 chiens sont entassés, se poussant en permanence pour obtenir une place sur la banquette défoncée et souillée au-delà du possible. Il y a là 6 ou 7 autres épaves, également « habitées ». Dans des caravanes hors d’âge et d’usage, toute une population de chiens squelettiques, couverts d’excréments, de gale et de teigne se disputent une gamelle d’eau croupie, quelques croquettes moisies. Dans un chalet de 12 m2, pas moins de 20 Cockers cohabitent sans lumière et bien entendu sans hygiène. Et partout dans le plus petit espace, des cages contenant des prisonniers de plusieurs semaines, plusieurs mois. La pauvre Princesse, enfermée depuis sa mise-bas, veille comme elle peut sur ses trois petits qui ont déjà deux mois. Les enquêteurs de la Fondation recueillent des chiens aux yeux crevés, aux pattes cassées. Certains sont vieux, d’autres ne sont que des chiots : les vétérinaires qui les examinent estiment qu’ils ont de 5 mois à 10 ans. Tous sont affamés, déshydratés, atteints de conjonctivite ou d’ulcères. Mais étonnamment, aucun ne montre d’agressivité. Comme s’ils s’en remettaient, avec le peu de confiance en l’homme qui leur reste, à ces inconnus venus bouleverser leur existence pitoyable.
Il ne faut pas moins de dix heures d’intervention pour soustraire les 149 chiens à leur calvaire. A la Fondation Assistance aux Animaux, c’est un véritable plan de bataille qui est mis en œuvre. Selon la gravité de chaque cas, des groupes sont constitués : 22 chiennes sont dirigés sur le refuge de Toulon, 15 vers Brignoles, 17 à Pont Saint Esprit. Carros accueille 45 rescapés, dont une majorité de chiots et Villevaudé, 44, dont les plus physiquement atteints. Enfin, il est décidé d’envoyer les 6 plus âgés à la maison de retraite du Gard pour qu’ils y vivent heureux jusqu’à la fin de leurs jours. Chacun se hâte à sa tâche, conscient que chaque minute compte, et que tout doit se faire dans la douceur. Sur place, on nourrit, on abreuve, en évitant de provoquer des bagarres, en ne cédant pas à la tentation de laisser manger à satiété des animaux privés de tout depuis si longtemps : leur pauvre estomac ne le supporterait pas. On distribue les caresses, on essuie les chiens crottés, on soigne les urgences et on dispatche les rescapés. Enfin les camions démarrent vers des cieux plus cléments.
L’existence normale d’un chien ordinaire
On les lave, on les toilette, on coupe les poils inextricablement emmêlés, en un mot on les rend propres et on leur rend l’apparence de leur race. Les vétérinaires ont, dès leur arrivée dans les refuges, donné des consignes au cas par cas. Les traitements sont appliqués, les quarantaines observées et très vite, le mieux se fait sentir : les chiens reprennent du poids et des forces, les maladies de peau cèdent du terrain, les ulcères se referment et les conjonctivites régressent. Stérilisations, tatouages et vaccinations commencent, au fur et à mesure que la santé des chiens le permet. Certains chiens apprennent à marcher en laisse. Pour les rescapés de Limoges, chacun trouve un moment supplémentaire, une caresse de plus, une gourmandise en sus.
Aidez-les !
Pour mener à bien leur sauvetage, les refuges ont besoin d’aide : appel est lancé pour récupérer des couvertures, des coussins, des joujoux, des croquettes, des couffins. Par ailleurs les dons financiers qui parviennent à la Fondation Assistance aux Animaux sont évidemment bienvenus : car les chiens ne sont pas adoptables tout de suite et certains ont besoin d’un suivi à moyen terme avant de pouvoir briguer une nouvelle famille. Ceux qui sont émus par l’extravagante épopée des Cockers de Limoges peuvent aussi postuler pour devenir famille d’accueil d’un rescapé ou le parrainer. Toutes les aides sont bienvenues pour assurer à ces chiens arrachés à l’enfer un avenir décent. Quand ils auront repris confiance, que leurs maux physiques auront été endigués définitivement, qu’ils sauront à nouveau comment se comporter dans une famille, ils auront besoin qu’on leur offre un foyer où ils sauront aimer et être aimés, oubliant leur calvaire passé. C’est une affaire de patience et d’amour.
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